REPUBLIQUE DE COTE
D’IVOIRE
Abidjan le, 23 septembre 2013
UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE FELIX
HOUPHOUET-BOIGNY
UFR SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIETE
DEPARTEMENT DE
PHILOSOPHIE
Colloque international
RENAISSANCE AFRICAINE ET
AFROCENTRICITĖ
Le département de Philosophie et le
Bureau des Doctorants en Histoire de l’UFR Sciences de l’Homme et de la Société
de l’université Félix Houphouët-Boigny, en association avec Afrocentricity International division d’Abidjan etle Centre
Kemetmaat d’Abidjan, organisent le 26 octobre 2013, sur le site de ladite
université, un colloque international ayant pour thème : « Renaissance africaine et Afrocentricité »
Ce colloque fait suite à celui du 28
au 30 novembre 2011 qu’avait organisé le ministère de la culture et de la
Francophonie de la Côte d’Ivoire sur ce thème voisin « La renaissance
africaine et les leçons de la crise ivoirienne. »
Il est à remarquer que ces deux
activités trouvent leur fondement dans les recommandations de l’Union Africaine
qui a déclaré l’année 2013 l’année du thème « Renaissance africaine et
panafricanisme ». La problématique de la renaissance africaine demeure ainsi
la finalité commune des espérances intellectuelles et politiques.
JUSTIFICATION
La Renaissance, de manière générale signifie nouvelle naissance,
renouvellement, retour. Elle renvoie à l’idée d’un présent insatisfait de son
existence et à la volonté de remettre en cause ce présent au moyen d’un
commencement nouveau. C’est dans cette volonté de réveiller les énergies
créatrices sommeillant en soi que la Renaissance africaine fait signe à notre conscience d’homme. La Renaissance
africaine tant souhaitée de nos jours est donc héritière de ce désir
proprement humain de restaurer les positivités historiques.L’Antiquité
doit être revisitée pour fournir à ceux du présent les rudiments d’une
existence plus sensée.
La Renaissance africaine comprend à
son tour que sans une conscience de soi mobilisant la mémoire, la créativité et
l’engagement volontaire à se surpasser, l’individu s’enlise dans
l’insignifiance et la communauté se meurt. Elle fait sienne les principes
directeurs de l’utopie en regardant l’existence commune comme une promesse de
vie. De ce monde de l’aliénation et de la soumission, il faut s’extirper pour ne plus voir, ce que
Mveng appelle « …le spectacle des
peuples innombrables sortant de la colonisation, complètement nus et dépouillés
de tout, ayant perdu, leur liberté, leurs biens matériels et spirituels, leur
histoire et leurs institutions politiques et religieuses, et jusqu’à la
conscience d’être des acteurs de leur propre destin. [1]»
On comprend aisément pourquoi Cheikh Anta Diop pense que la Renaissance africaine sera une
réalité quand ″l’Afrique saura (...)
rejeter comme dans un mouvement de nausée toutes ces croyances malsaines qui
ont atrophié son âme et l’empêchent d’atteindre sa véritable plénitude.″[2]Il
s’agit,selon lui, de surmonter les négativités historiques de l’esclavage et de
la traite des Noirs,de la colonisation puis de l’oubli de son passé pour
annoncer une nouvelle naissance, la Renaissance de l’Afrique.
Un peu partout aux Antilles, aux USA, au Canada, dans des
universités européennes eten Afrique même, des penseurs et philosophes puisent
dans l’Egypte ancienne des éléments de réflexions. Cette renaissance de l’Antiquité
égyptienne ancienne se vit ainsi dans les travaux des théoriciens de l’Afrocentricité.
En effet, l’Afrocentricité est le prolongement d’une nouvelle école de pensée
née dans le cercle universitaire de Temple, aux Etats-Unis, autour de la
question de l’image africaine dans plusieurs champs du savoir. Elle a porté
plus haut et plus loin, dans la réflexion, les écrits de savants américains
africains, qui seront rejoints plus tard
par leurs homologues jamaïcains, brésiliens, chinois, allemands, africains,
etc. L’un des principes cardinaux de l’école de l’Afrocentricité consiste à considérer et à comprendre les
Africains comme des agents, et non plus comme une périphérie de l’Europe[3].
En tant que théorie opératoire élaborée et systématisée par Molefi Kete Asante,l’Afrocentricité refuse les bases
anciennes de représentation de l’Africain en faisant la promotion « d’une approche intellectuelle fondée sur la
centralité de l’expérience africaine [4]»Elle
cherche, en tant que méthode et science, à changer notre rapport à nous-mêmes
et à notre histoire. En appelant à une restauration du projet culturel africain
dans son intégralité, l’Afrocentricité
veut mettre fin à cette aliénation qui fait que, comme l’écrit Ama Mazama,
« les intellectuels africains
continuent à tenir un discours largement sous-tendu et alimenté par une
idéologie de la soumission [5]».
A cette idéologie de la soumission, il faut ajouter les reniements et les
attitudes collaborationnistes de certains intellectuels et politiques.
Philosophie, science, linguistique,
histoire, économie, politique et renaissance culturelle se retrouvent au cœur
du projet afrocentrique pour une promotion consciente du motif humanisant de
l’être africain : « Il est tout
à fait juste de considérer qu’aucune autre vérité n’est davantage nécessaire au
progrès intellectuel, politique, économique, et culturel du monde que
l’immersion des Africains dans les eaux de la renaissance culturelle. [6]»
OBJECTIFS
Objectif général
ü réfléchir aux
méthodes et moyens de faire de la Renaissance africaine et de l’Afrocentricité
le fondement d’une articulation nouvelle de nos cultures et de nos espérances.
Objectifs spécifiques
ü Inviter les
intellectuels, les décideurs politiques et la communauté scientifique à prendre
conscience de la nécessité d’intégrer dans les programmes universitaires et
scolaires les grandes œuvres africaines ;
ü Encourager à la
traduction du patrimoine africain et mondial dans les langues africaines,
modernisées et transcrites ;
ü Entretenir les
liens culturels et humains avec les frères et sœurs de la diaspora ;
ü Rappeler la part
prise par les Négro-africains à la construction de l’héritage intellectuel
universel, surtout égyptien ancien ;
RESULTATS ATTENDUS
A la fin du
colloque, les participants :
Ø Ont pris
conscience d’une politique éducative de formation centrée sur soi mais ouverte
sur le monde pour l’épanouissement individuel et collectif ;
Ø Ont acquis la
certitude d’avoir des attitudes écologiques et spirituelles porteuses
d’humanité ;
Ø Ont retrouvé,
dans les cultures africaines actuelles, des vestiges de la civilisation
Nubio-Soudano-égyptiennes anciennes.
Ø Ont des
informations sur l’état des enseignements et recherches sur l’Egypte ancienne,
l’Afrocentricité et la diaspora.
Ø Ont compris que
l’appropriation de la science, de la technique, de la technologie, des outils
modernes de savoir est capitale pour avoir un peuple éclairé par la connaissance et ayant confiance en ses
capacités de création ;
Ø Ont senti, pour
la Renaissance africaine, la nécessité stratégique de protéger les ressources
minières, le patrimoine matériel et immatériel contre les prédateurs de tout
acabit.
Ø Ont pris la
résolution de créer des centres et instituts de recherche sur l’Afrocentricité.
MODALITE DE DEROULEMENT
Le colloquedu samedi 26 octobre 2013, fondamentalement interdisciplinaire,se
déroulera en deux phases scientifiques selon ce schéma :
Etape 1 :
-
cérémonie d’ouverture, discours de bienvenue, etc.
-
Conférence principale 1 : (45 minutes)
Molefi Kete Asante :
« Les ingrédients nécessaires à la Renaissance Africaine »
-
4 communications locales (de 15 minutes chacune)
-
Débats
Pause
Etape 2 :
-
Conférence principale 2 : (45 minutes)
Ama Mazama : "L'Impératif
Afrocentrique pour la Renaissance Africaine."
-
4 communications locales (15 minutes chacune)
-
Débats
-
Cérémonie de clôture (synthèse des travaux et discours de
clôture)
Prof. Ramsès L. BOA THIĖMĖLĖ
Pour le Comité d’organisation
Abidjan 23 septembre 2013
[1]
Engelbert Mveng/ B.L. Lipawing, Théologie,
libération et cultures africaines. Dialogue sur l’anthropologie négro-africaine,
Yaoundé/Paris, Clé et Présence Africaine, 1996, p. 65.
[2] Ibidem, p. 43.
[3]
Molefi Kete Asante, « L’Américain africain en tant qu’Africain » in Diogène N° 184, 1998, p. 45.
[4]Ama
Mazama, L’impératif afrocentrique,
Paris, Editions Menaibuc, 2003, p. 224.
[5]Ibidem,
p. 160.
[6]
Molefi Kete Asante, L’Afrocentricité, traduction Ama Mazama, Paris, Editions Menaibuc,
2003, p. 182.