jeudi 10 octobre 2013

Colloque International Sur La Renaissance Africaine

Colloque International Sur La Renaissance Africaine



REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE                                           Abidjan le, 23 septembre 2013
      UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
      ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
  UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET-BOIGNY
UFR SCIENCES DE L’HOMME ET DE LA SOCIETE
       DEPARTEMENT DE PHILOSOPHIE

Colloque international
RENAISSANCE AFRICAINE ET AFROCENTRICITĖ

Le département de Philosophie et le Bureau des Doctorants en Histoire de l’UFR Sciences de l’Homme et de la Société de l’université Félix Houphouët-Boigny, en association avec Afrocentricity  International division d’Abidjan etle Centre Kemetmaat d’Abidjan, organisent le 26 octobre 2013, sur le site de ladite université, un colloque international ayant pour thème : « Renaissance africaine et Afrocentricité »
Ce colloque fait suite à celui du 28 au 30 novembre 2011 qu’avait organisé le ministère de la culture et de la Francophonie de la Côte d’Ivoire sur ce thème voisin « La renaissance africaine et les leçons de la crise ivoirienne. »
Il est à remarquer que ces deux activités trouvent leur fondement dans les recommandations de l’Union Africaine qui a déclaré l’année 2013 l’année du thème « Renaissance africaine et panafricanisme ». La problématique de la renaissance africaine demeure ainsi la finalité commune des espérances intellectuelles et politiques.

JUSTIFICATION
La Renaissance, de manière générale signifie nouvelle naissance, renouvellement, retour. Elle renvoie à l’idée d’un présent insatisfait de son existence et à la volonté de remettre en cause ce présent au moyen d’un commencement nouveau. C’est dans cette volonté de réveiller les énergies créatrices sommeillant en soi que la Renaissance africaine fait signe à notre  conscience d’homme. La Renaissance africaine tant souhaitée de nos jours est donc héritière de ce désir proprement humain de restaurer les positivités historiques.L’Antiquité doit être revisitée pour fournir à ceux du présent les rudiments d’une existence plus sensée.
La Renaissance africaine comprend à son tour que sans une conscience de soi mobilisant la mémoire, la créativité et l’engagement volontaire à se surpasser, l’individu s’enlise dans l’insignifiance et la communauté se meurt. Elle fait sienne les principes directeurs de l’utopie en regardant l’existence commune comme une promesse de vie. De ce monde de l’aliénation et de la soumission,  il faut s’extirper pour ne plus voir, ce que Mveng appelle « …le spectacle des peuples innombrables sortant de la colonisation, complètement nus et dépouillés de tout, ayant perdu, leur liberté, leurs biens matériels et spirituels, leur histoire et leurs institutions politiques et religieuses, et jusqu’à la conscience d’être des acteurs de leur propre destin. [1]»
On comprend aisément pourquoi Cheikh Anta Diop pense que la Renaissance africaine sera une réalité quand ″l’Afrique saura (...) rejeter comme dans un mouvement de nausée toutes ces croyances malsaines qui ont atrophié son âme et l’empêchent d’atteindre sa véritable plénitude.″[2]Il s’agit,selon lui, de surmonter les négativités historiques de l’esclavage et de la traite des Noirs,de la colonisation puis de l’oubli de son passé pour annoncer une nouvelle naissance, la Renaissance de l’Afrique.
Un peu partout aux Antilles, aux USA, au Canada, dans des universités européennes eten Afrique même, des penseurs et philosophes puisent dans l’Egypte ancienne des éléments de réflexions. Cette renaissance de l’Antiquité égyptienne ancienne se vit ainsi dans les travaux des théoriciens de l’Afrocentricité.
En effet, l’Afrocentricité est le prolongement d’une nouvelle école de pensée née dans le cercle universitaire de Temple, aux Etats-Unis, autour de la question de l’image africaine dans plusieurs champs du savoir. Elle a porté plus haut et plus loin, dans la réflexion, les écrits de savants américains africains, qui seront  rejoints plus tard par leurs homologues jamaïcains, brésiliens, chinois, allemands, africains, etc. L’un des principes cardinaux de l’école de l’Afrocentricité consiste à considérer et à comprendre les Africains comme des agents, et non plus comme une périphérie de l’Europe[3]. En tant que théorie opératoire élaborée et systématisée par Molefi Kete Asante,l’Afrocentricité refuse les bases anciennes de représentation de l’Africain en faisant la promotion « d’une approche intellectuelle fondée sur la centralité de l’expérience africaine [4]»Elle cherche, en tant que méthode et science, à changer notre rapport à nous-mêmes et à notre histoire. En appelant à une restauration du projet culturel africain dans son intégralité, l’Afrocentricité veut mettre fin à cette aliénation qui fait que, comme l’écrit Ama Mazama, «  les intellectuels africains continuent à tenir un discours largement sous-tendu et alimenté par une idéologie de la soumission [5]». A cette idéologie de la soumission, il faut ajouter les reniements et les attitudes collaborationnistes de certains intellectuels et politiques.
Philosophie, science, linguistique, histoire, économie, politique et renaissance culturelle se retrouvent au cœur du projet afrocentrique pour une promotion consciente du motif humanisant de l’être africain : « Il est tout à fait juste de considérer qu’aucune autre vérité n’est davantage nécessaire au progrès intellectuel, politique, économique, et culturel du monde que l’immersion des Africains dans les eaux de la renaissance culturelle[6]»

OBJECTIFS
Objectif général

ü  réfléchir aux méthodes et moyens de faire de la Renaissance africaine et de l’Afrocentricité le fondement d’une articulation nouvelle de nos cultures et de nos espérances.

Objectifs spécifiques

ü  Inviter les intellectuels, les décideurs politiques et la communauté scientifique à prendre conscience de la nécessité d’intégrer dans les programmes universitaires et scolaires les grandes œuvres africaines ;
ü  Encourager à la traduction du patrimoine africain et mondial dans les langues africaines, modernisées et transcrites ;
ü  Entretenir les liens culturels et humains avec les frères et sœurs de la diaspora ;
ü  Rappeler la part prise par les Négro-africains à la construction de l’héritage intellectuel universel, surtout égyptien ancien ;

RESULTATS ATTENDUS
A la fin du colloque, les participants :
Ø  Ont pris conscience d’une politique éducative de formation centrée sur soi mais ouverte sur le monde pour l’épanouissement individuel et collectif ;
Ø  Ont acquis la certitude d’avoir des attitudes écologiques et spirituelles porteuses d’humanité ;
Ø  Ont retrouvé, dans les cultures africaines actuelles, des vestiges de la civilisation Nubio-Soudano-égyptiennes anciennes. 
Ø  Ont des informations sur l’état des enseignements et recherches sur l’Egypte ancienne, l’Afrocentricité et la diaspora.
Ø  Ont compris que l’appropriation de la science, de la technique, de la technologie, des outils modernes de savoir est capitale pour avoir un peuple éclairé  par la connaissance et ayant confiance en ses capacités de création ;
Ø  Ont senti, pour la Renaissance africaine, la nécessité stratégique de protéger les ressources minières, le patrimoine matériel et immatériel contre les prédateurs de tout acabit.
Ø  Ont pris la résolution de créer des centres et instituts de recherche sur l’Afrocentricité.

MODALITE DE DEROULEMENT
Le colloquedu samedi 26 octobre 2013, fondamentalement interdisciplinaire,se déroulera en deux phases scientifiques selon ce schéma :
Etape 1 :
-          cérémonie d’ouverture, discours de bienvenue, etc.
-          Conférence principale 1 : (45 minutes)
Molefi Kete Asante : « Les ingrédients nécessaires à la Renaissance Africaine »
-          4 communications locales (de 15 minutes chacune)
-          Débats

Pause

Etape 2 :
-          Conférence principale 2 : (45 minutes)
Ama Mazama : "L'Impératif Afrocentrique pour la Renaissance Africaine."
-          4 communications locales (15 minutes chacune)
-          Débats
-          Cérémonie de clôture (synthèse des travaux et discours de clôture)

Prof. Ramsès L.  BOA THIĖMĖLĖ

Président du Comité scientifique du colloque
Pour le Comité d’organisation
Abidjan 23 septembre 2013



[1] Engelbert Mveng/ B.L. Lipawing, Théologie, libération et cultures africaines. Dialogue sur l’anthropologie négro-africaine, Yaoundé/Paris, Clé et Présence Africaine, 1996, p. 65.
[2] Ibidem, p. 43.
[3] Molefi Kete Asante, « L’Américain africain en tant qu’Africain » in Diogène N° 184, 1998, p. 45.
[4]Ama Mazama, L’impératif afrocentrique, Paris, Editions Menaibuc, 2003, p. 224.
[5]Ibidem, p. 160.
[6] Molefi Kete Asante,  L’Afrocentricité, traduction Ama Mazama, Paris, Editions Menaibuc, 2003, p. 182.

mercredi 27 février 2013

THEME : Apport de l'égyptologie à la renaissance Africaine


THEME : Apport de l'égyptologie à la renaissance Africaine


Conférencier : Luka Lusala lu ne Nkuka est jésuite, licencié en philosophie de la Faculté de philosophie Saint-Pierre Canisius de Kimwenza près de Kinshasa et docteur en missiologie de l’Université pontificale grégorienne de Rome où il a enseigné pendant une année. Il est l’auteur de «De l’origine kamite des civilisations africaines. Lecture afrocentrique de quelques récits » (Paris : Menaibuc, 2008, 130 p.) et de « Jésus-Christ et la religion africaine. Réflexion christologique à partir de l’analyse des mythes d’Osiris, de Gune, d’Obatala, de Kiranga et de Nzala Mpanda » (Roma : Gregorian and Bilbical Press, 2010, 185 p.). Il enseigne actuellement la théologie au Grand Séminaire de Murhesa ainsi que la philosophie et les langues africaines (kikongo, égyptien ancien) à l’Université officielle de Bukavu, RdC.


 
Le MERCREDI 20 février 2013 9 H , le docteur Luka Lusala à lors de son exposé démontré la similitude sur l'orientation politique, philosophique, culturel et religieux entre les populations africaines en particuliers le peuple congolais et celles de l’Égypte ancienne.
De manière brillante et avec des démonstrations à l’appui, Le père Lusala nous a montré que la signification des mots congolais n'est nullement différente de celle des mots l’Égypte ancienne.
M. Bilé dans son intervention a expliqué les liens entre les langues Akan (agni, baoulé) parlées en Côte d'Ivoire et l'égyptien ancien.
 
le docteur Lusala a terminé son exposé par une citation du professeur Molefi Kete Asante de Temple University : « Toutes les sociétés africaines trouvent en kemet (l’Egypte pharaonique) une source commune pour les idées intellectuelles et philosophiques ».

GUEDE NAHOUNOU
– à cocody angré chateau .

jeudi 24 janvier 2013

LA CHARTE MANDINGUE


La Charte Mandingue : 1ère Déclaration des Droits Humains au monde date de 1222
La Charte du Mandingue ou « Mandingue kalikan », aurait été proclamée en 1222, lors de l’intronisation de Soundjata Keita comme empereur du Mali, par la confrérie des chasseurs dont il en faisait partie. d’ailleurs Soundjata possédait le titre de Simbo « maitre chasseur »
Cette charte est l’une des première déclaration des Droits de l’Homme, elle a une vocation universelle. La charte est citée comme référence dans certains articles juridiques actuelles et elle a même servi de modèle à nos constitutions.
Elle pose en principe, le respect de la vie humaine, la liberté individuelle et la solidarité. Elle affirme l’opposition totale de la confrérie des chasseurs à l’esclavage qui était devenu courant en Afrique de l’ouest. En effet, l’abolition de l’esclavage fut une œuvre maîtresse de Soundjata Keïta.
Voici un extrait qui comporte sept paroles :
• 1 Respect d’une vie : Toute vie humaine est une vie.. Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre mais une vie n’est pas plus ancienne, plus respectable qu’une autre vie. De même qu’une vie ne vaut pas mieux qu’une autre vie.
• 2 Réparation des torts : Toute vie étant une vie, tout tort causé à une autre vie exige réparation. Par conséquent, que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin, que nul ne cause de tort à son prochain, que nul ne martyrise son semblable.
• 3 L’esprit de famille et l’importance de l’éducation : Que chacun veille sur son prochain, que chacun vénère ses géniteurs, que chacun éduque ses enfants, que chacun pourvoie aux besoins des membres de sa famille.
• 4 La patrie : Que chacun veille sur la terre de ses pères (…) car tout pays, toute terre qui verrait les hommes disparaître de sa surface connaîtrait le déclin et la désolation.
• 5 Bannir la servitude et la famine : La faim n’est pas une bonne chose, l’esclavage non plus n’est pas bonne chose. Il n’y a pire calamité que ces choses-là, dans ce bas monde. Tant que nous disposerons du carquois et de l’arc, la famine ne tuera personne dans le Manden (…), la guerre ne détruira plus jamais les villages pour y prélever des esclaves. C’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable, pour aller le vendre ; personne ne sera non plus battu au Mandé a fortiori mis à mort, parce qu’il est fils d’esclave.
• 6 Rejet de la guerre : L’essence de l’esclavage est éteinte ce jour d’un mur à l’autre du Mandé. Les razzias sont bannies à compter de ce jour au Mandé, les tourments nés de ces horreurs disparaîtront à partir de ce jour au Mandé. Quelle épreuve que le tourment ! surtout lorsque l’opprimé ne dispose d’aucun recours. L’esclave ne jouit d’aucune considération, nulle part dans le monde.
• 7. La liberté d’agir, de parler : L’homme en tant qu’individu, fait d’os et de chair, de moelle et de nerfs, de peau recouverte de poils et de cheveux, se nourrit d’aliments et de boissons. Mais son « âme », son esprit vit de trois choses : Voir qui il a envie de voir, Dire ce qu’il a envie de dire et faire ce qu’il a envie de faire. Si une seule de ces choses venait à manquer à l’âme humaine, elle en souffrirait et s’étiolerait sûrement. »
Tel est le serment du Mandingue à l’adresse des oreilles du monde tout entier.
source : SOUNDJATA KEITA : UNE VIE, UN DESTIN, UN EMPIRE

L'ETAT FEDERAL DE L'AFRIQUE NOIRE, LA SEULE ISSUE


LES EGYPTIENS ETAIENT NOIRS


L'EGYPTE ANTIQUE PHARAONIQUE


ORIGINE DE L'HUMANTITE ET PHENOTYPE DES ANCIENS EGYPTIENS


mercredi 23 janvier 2013

LES 42 COMMANDEMENTS DE DIEU DANS LA VALLEE DU NIL


PROFESSEUR OBENGA - LA SPIRITUALITE DES GRANDS HOMMES


ALTERNATIVE POUR LA COMMEMORATION DU CINQUANTENAIRE DE L'INDEPENDANCE


FASCICULE 4, ALTERNATIVE POUR LA COMMEMORATION DU CINQUANTENAIRE DE L’INDEPENDANCE DE LA COTE D’IVOIRE
par Traoré Adama et yao N'Guetta. Les PPA, les Presses Per Ankh d’Abidjan, février 2012


   1 - LA PLACE DES PEUPLES ET CULTURES DE COTE D’IVOIRE DANS LE CINQUANTENAIRE DE L’INDEPENDANCE.
Par Traoré Adama membre de kemetmaat

Présentation du texte :
Ce texte, rédigé en 2010, est une contribution de Kemetmaat qui propose sa vision de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance de Côte d’Ivoire. Il a été présenté au Comité National pour le Cinquantenaire de Côte d’Ivoire (CNCCI) et paru dans le  magazine culturel Scrib – Magazine.  Les auteurs observent que cinquante après l’indépendance et malgré elle, les cultures nationales sont expulsées de l’espace publique et réduites à la clandestinité. Pour l’Association, la commémoration de cinquantenaire doit être l’occasion de consacrer la reconnaissance des peuples de Côte d’Ivoire et de leurs cultures en leur accordant la juste place qui leur revient dans l’organisation des festivités et tracer ainsi les sillons pour l’avenir.

1 :  L’analyse

Depuis plus d’un siècle, les peuples de Côte d’Ivoire sont privés pour l’essentiel de la reconnaissance pleine et entière de leur patrimoine culturel, relégué au rang de folklore.

La vie quotidienne nous donne à voir de nombreuses illustrations de cette situation.

La mémoire nationale est monopolisée par les héros français de la colonisation, les hommes et les faits socio-politiques français ; Bingerville, Treichville, Clozel, Angoulvant, Latrille, de Gaulle, Valérie Giscard d’Estaing, François Mitterrand, monument aux morts du plateau au fronton duquel est gravée la croix de la Lorraine, etc.

La ville de Bingerville porte encore le nom Louis-Gustave Binger, premier gouverneur de la Côte d’Ivoire.

L’arrêt du 27 décembre 1934 décide de manière autoritaire que « L’agglomération d’Anoumanbo, faubourg d’Abidjan, portera désormais le nom de Treichville ». Treich- Laplène est considéré par l’histoire coloniale comme le fondateur de la colonie de Côte d’Ivoire.
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François Clozel, Gouverneur de la Colonie de Côte d’Ivoire (1902-1908) porte la responsabilité des massacres de son gouvernorat.
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Le bourreau Grabriel Angoulvant, Lieutenant Gouverneur de la Colonie de Côte d’Ivoire ( 1908-1916). Auteur de génocides et des massacres des peuples. Il a définitivement défait et démantelé  les anciens Etats, leurs structures économiques et sociales.  Il reçoit ici la réédition des chefs indigènes.
Des villages, villes, peuples et personnes ont gardé les noms déformés ou fantaisistes  que leur avaient attribué les administrateurs coloniaux.

Au niveau de l’éducation nationale, l’enseignement de l’histoire des peuples d’Afrique et de Côte d’Ivoire en particulier est une entreprise frustrante de falsification et d’occultation.
L’enseignement des cultures nationales est réduit à la portion congrue avec notamment l’utilisation d’une langue étrangère (le français) comme langue exclusive d’enseignement. L’usage des langues nationales dans les institutions et les administrations publiques et privées est exclu par les textes et/ou dans la pratique.

Il en est ainsi des costumes nationaux. Les cultes autochtones n’ont pas comme les cultes importés, accès aux subsides de l’Etat et aux médias. Les autorités traditionnelles qui étaient en première ligne de la lutte anticoloniale sont instrumentalisées par l’administration et réduit au statut  d’auxiliaire.
Houphouët- Boigny et Kouamé N’krumah deux projets culturels différents à travers le symbole des costumes le jour de la proclamation de l’indépendance de leur pays. A gauche Houphouët et son épouse  en costumes européens le 7 Août 1960 et à droite Kouamé N’Kumah et les membres de son cabinet en costume africain le 6 mars 1957. C’est le projet de l’assimilation de la culture française contre celui de l’affirmation de la culture africaine.

Au total, les cultures nationales sont expulsées de l’espace publique, et réduites à la clandestinité. Avec elles, les  peuples porteurs de ces cultures. Sous le prétexte de la lutte contre le tribalisme et la défense de la forme républicaine de l’Etat, l’identité et la personnalité des peuples sont niées.

Pourtant, l’indépendance pour la Côte d’Ivoire devrait être l’acquisition de sa totale souveraineté par opposition au fait d’être régenté par une autorité coloniale. Cette souveraineté est politique mais elle  se décline sous différentes formes ; économique, militaire, culturelle, etc. ;

Le cinquantenaire doit contribuer à redonner au mot indépendance le sens que lui donnaient nos pères et nos mères. En effet, en luttant contre le colonialisme, les ivoiriens cherchaient à se libérer de toutes les formes d’oppression mais en particulier ils se battaient pour préserver leur personnalité c'est-à-dire leur histoire, leur mémoire, leur vision du monde, leurs mythes, leur langue,  leur spiritualité en un mot leur culture.

Les dirigeants africains de Lôkhoda (Côte d’Ivoire) ont lutté jusqu’au bout pour leur indépendance. Ici une scène de reddition des souverains visant à les humilier.

En commémorant l’indépendance, c’est d’abord les peuples, acteurs de cette indépendance qui sont célébrés.

Aussi le cinquantenaire de l’indépendance de la côte d’Ivoire doit – il consacrer la reconnaissance des peuples de côte d’Ivoire et de leurs cultures en leur accordant la juste place qui leur revient dans l’organisation des festivités.

En le faisant, le cinquantenaire aura par la même occasion tracé les sillons de l’avenir pour une Côte d’Ivoire indépendante réconciliée avec son identité culturelle, c'est-à-dire avec elle – même.

Le cinquantenaire doit s’offrir à nous comme une étape historique de l’affirmation de la personnalité culturelle de la Côte d’Ivoire.

Partie 2 : Les propositions

Aussi nous proposons deux  axes d’actions :
- Les festivals des peuples, des langues et des cultures de Côte d’Ivoire,
- Les actions en faveur de la  mémoire nationale.

21)    Les Festivals régionaux des peuples, des langues et des cultures de Côte d’Ivoire

Les Festivals régionaux  des peuples, des langues et des cultures de Côte d’Ivoire sont un ensemble de manifestations qui visent à mettre en exergue la richesse du patrimoine culturel des peuples de Côte d’ivoire ;  histoire, langues, mythes, littérature, arts, sports, jeux, gastronomie, costumes etc.

Par ailleurs il s’agit également de permettre une participation active et populaire des citoyens à la célébration du cinquantenaire.

Les festivals sont déterminés en fonctions des  grands ensembles linguistiques et culturels de la Côte d’Ivoire. Kemetmaat propose 8 festivals qui se dérouleront dans les villes suivantes après concertation avec les autorités traditionnelles :
- Gagnoa ( Krou)
- San-Pédro (krou du sud)
- Korhogo (Gur)
- Man (Mandé du Sud)
- Odiénné (Mandé du nord),
- Sakassou ( Akan baoulé)
- Abengourou (Akan Agni)
- Abidjan (Akan lagunaire)

L’usage des langues nationales et des costumes pendant ces manifestations seront privilégiés.
Chaque Festival comprend au moins les activités suivantes :

1 -Une cérémonie d’ouverture du festival en collaboration avec le collectif des autorités traditionnelles suivi de parades des danses
2 – Un atelier de réflexion multilingues français/ langues nationales. Il sera organisé pour permettre un dialogue entre chercheurs, autorités traditionnelles, politiques  et intellectuels sur le thème « sauvegarde et usage des cultures de côte d’ivoire dans la société moderne ».
3 – Des expositions d’objets d’art de l’aire culturel considéré accompagnées par des conférences- débats multilingues français/langues nationales seront organisées.
4  - Une soirée populaire de contes, légendes et théâtre.
5 -  Une soirée populaire de prestations de danses, de musiques et de chansons
6 - Une journée consacrée aux jeux et sports spécifiques aux peuples considérés
7 - Un concours de démonstrations gastronomiques
8 –Un concours de costumes du territoire considéré ; traditionnels ou modernes sera organisé par des professionnels de l’aire.
9 – Une fête de la culture et des langues dans les écoles. Une séance de cours sur l’histoire et la civilisation de l’aire sera organisée pendant cette journée.
10 – Une grande parade de clôture du festival (carnaval).


Sankôfa est le nom donné par les akan à un oiseau migrateur et qui  se traduit littéralement par retourne (san), va (kô) ramène (fa). Il  signifie « se nourrir  du passé pour mieux aller de l’avant ». C’est la quête akan de la connaissance

22) Les actions en faveur de la mémoire nationale

Un comité scientifique doit être mis en place pour réfléchir  sur la place de la mémoire nationale et de l’histoire dans notre société et mettre en œuvre quelques recommandations.

-  De la nécessité de la révision des dénominations des lieux géographiques et des personnes.

Quand le colonisateur s’est emparé de la Côte d’Ivoire, il l’a rebaptisé d’après lui-même, s’imposant comme la source unique et « universelle » du savoir. En effet l’un des premiers actes posés par les navigateurs et les administrateurs a été de renommer les espaces, les cours d’eau, les villes, les peuples et les personnes etc.

Le pouvoir de se nommer est au coeur de la question de la souveraineté nationale  car « l’ultime liberté, celle dont toutes les autres dépendent en dernière instance, est la liberté de nommer soi- même sa propre réalité » (Ama Mazama, 2003).

Un atelier de réflexion examinera la question de la mise en concordance des noms des lieux géographiques, des peuples et des personnes avec la mémoire nationale.

Il s’agit de redonner aux peuples, personnes, villages, villes, collines, montagnes et cours d’eau  leur nom d’origine. Dans cette perspective, une réflexion sur le nom de la Côte d’ Ivoire devra être également entreprise. On sait par exemple que le mot Cote d’voire serait la traduction par la France du mot lôkhoda, mot utilisé par les indigène du pays krou pour désigner leur pays et qui signifie en langue krou le « pays des éléphants ».

Il s’agit également de « débaptiser » les lieux publics qui portent les noms des colons pour leur attribuer les noms des précurseurs de la lutte anticoloniale, des héros de l’indépendance et des hommes et femmes qui ont marqué la vie politique, sociale et culturelle de la Côte d’Ivoire pendant les cinquante ans qui ont suivi les indépendances.

Il faudrait d’ailleurs proposer la révision de la politique de « nomination » des rues et des villes de Côte d’Ivoire. Il faut remplacer les lettres et chiffres actuels par :
- Des noms tirés de la faune, de la flore, de la géographie (montagnes, fleuves et rivières, lieudits, etc) et de l’histoire de notre pays ;
- Des noms de héros nationaux, de personnalités qui ont marqué notre histoire, de rois et de reines de légende ou simplement historiques ;
- Des noms des peuples et langues de Côte d’Ivoire ;
- Des noms de nos artistes, intellectuels et écrivains qui ont marqué leur époque.
Dans tous les pays normaux du monde, l’histoire se lit aussi à travers les noms des rues !

-  De la place de la culture nationale et de l’histoire dans les programmes et manuels scolaires

Une évaluation de la place de la culture nationale dans l’enseignement s’impose. La commission fera une critique des programmes et des manuels scolaires dans la perspective d’accroître la place de la culture nationale et notamment celle de l’histoire de la Côte d’ivoire et de l’Afrique.

-  De la mémoire de l’indépendance et de la lutte anti-coloniale

Le cinquantenaire doit se préoccuper de la place de l’indépendance et de la longue lutte anti-coloniale dans la mémoire collective.


Le travail forcé en Côte d’Ivoire. Aucun symbole pour se souvenir de  grand crime

Aussi à Sakassou, Tiassalé, Bouaké, Abengourou, Zaranou, Daloa, Bouaflé, Séguéla, Dimbokro, Treicheville, Grand-Bassam et dans toutes les villes ou tous les villages où sont tombés les martyrs de la lutte anticoloniale, des monuments  devraient être construits en leur mémoire.

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Le Sénateur Victor Biaka Boda, militant anticolonialiste RDA assassiné en 1950. Sans doute assassiné par les forces françaises.

Les anciens monuments et leur place doivent être restaurés. Exemple : Le monument situé à la place de la république à Abidjan. La place elle-même doit être restaurée.

La mémoire doit prendre également en compte les périodes antérieures à celle de l’après guerre. Il faut remonter à la première résistance contre la « pénétration coloniale ».

A cet effet, le gouvernement pourrait réclamer les restes mortels de grands résistants déportés et envisager des funérailles nationales.

Les monuments peuvent également incarner l’idée d’indépendance puisée dans nos mythes, légendes et notre histoire.

Une stratégie de communication sera élaborée pour faire connaître aux jeunes générations, les péripéties de l’histoire de la lutte pour l’indépendance à travers les séries télévisées, les émissions scientifiques, les conférences et débats, les expositions, les publications, les arts populaires comme le théâtre, la littérature, les spectacles, les bandes dessinées  etc. Les lieux où se sont déroulés les évènements de 1949 et 1950 comme Treichville, Grand-Bassam, Dimbokro etc. devront faire l’objet de nombreuses animations.

Le monument à la mémoire du grand résistant, le Roi de Bonoua, Kadjo Amangoua. Un exemple à suivre par toutes les villes de Côte d’Ivoire.

2 - CINQUANTENAIRE DE L’INDEPENDANCE : POUR UNE CONSECRATION DES PEUPLES ET CULTURES DE                      CÔTE D’IVOIRE

Yao N’Guetta

Présentation du texte :
L’auteur démonte avec méthode, le mécanisme de dévitalisation et de dégénération des peuples et cultures d’Afrique pris au piège dans le jeu des rivalités impérialistes de l’orient  islamique et de l’occident judéo-chrétien. La période des  indépendances à été paradoxalement un moment d’intensification du processus d’assimilation culturelle et religieux sous le couvert hypocrite du modernisme. Il fait l’Etat des lieux exhaustif de la situation socioculturelle de la Côte d’Ivoire avant de suggérer les nouvelles perspectives dans lesquelles le mot indépendance aurait un sens et qui devraient permettre à l’ivoirien de retrouver son Centre perdu.

1) Exposé des motifs
Tombée successivement face aux impérialismes de l’Orient islamique et de l’Occident judéo-chrétien, qui ont bouleversé le cours de son destin, l’Afrique noire peine à se relever, prise, depuis lors, dans l’engrenage de rapports de forces préjudiciables  à ses intérêts fondamentaux. La proclamation des indépendances des Etats n’à point signifié, loin s’en faut, une possibilité de récupération et de régénération de leurs peuples et leurs cultures. Pire, la soumission violente et méthodique de ceux-ci aux critères des vainqueurs, a donné lieu à leur dévitalisation progressive et a une dépersonnalisation générale des Africains, désormais décentrés par rapport à eux-mêmes, et tendant vers une sorte de vacuité culturelle et existentielle.

Déjà, les populations islamisées ont perdu, pour la plupart, jusqu’à l’usage de la chose la plus élémentaire donnée à chaque communauté humaine en ce monde : l’appellation spécifique de Dieu. Bien de musulmans africains sont étonnés d’apprendre qu’Allah ne soit pas un mot de leur langue maternelle. Sans parler des prénoms (noms de saints, nous dit-on !), sans lesquels, semble-t-il, ils n’auraient point de noms propres !

Les populations christianisées, de toutes sectes confondues, à colonisation relativement plus récente, sont sur la même voie : de plus en plus de chrétiens africains n’ont plus de chansons, de lectures (pour les lettrés) et de pensées que religieuses.

Sous la tapageuse pression d’un prosélytisme tous azimuts mené de jour comme de nuit, des « non croyants » plutôt inconséquents se retrouvent, par contagion, embarqués dans le même mouvement.

Du fait de leur longue et profonde aliénation aux valeurs arabo-musulmanes, des musulmans ajoutent même à leurs prénoms arabes, des prénoms chrétiens, à travers lesquels ils croient consacrer leur pseudo modernité et leur rapport particulier à la civilisation. La mode est maintenant à la pêche aux noms hébreux, dits bibliques !

Il est posé chez l’ensemble, comme allant de soi, l’usage des prénoms liés à la colonisation et à l’aliénation culturelle qui, de l’exception qu’elle devrait être, est devenu pratiquement la norme : vous paraitriez bien excentrique et étrange, ou simplement dépassé, de ne point enfiler un chapelet de prénoms judéo-chrétiens ou arabo-musulmans avant ou après votre nom africain, perdu et tout malheureux à un bout ou à l’autre de la ligne ! en cas d’abréviation, on vous trouvera toujours bien in de préférer rendre muet et anonyme celui-ci, pour laisser sonner ceux-là, qui passent pour être la marque ronflante de notre évolution.

Ces prétendus « évolués », qui confondent modernisme et extraversion aliénante, en sont arrivé non seulement à mépriser ce qui leur est propre, mais en plus, dans bien des cas, à le tenir pour l’expression d’un primitivisme, voire pour une manifestation du Diable, avec lequel il croit devoir »couper tout lien », d’un coup de croix ou de croissant magique ! Leurs ancêtres sont déclarés polythéistes, ils ne connaitraient pas Dieu,  avant l’arrivée des blancs.

Eux-mêmes les bienheureux, particulièrement plus intelligents et raisonnables, auraient reçu, par le baptême, l’âme qui leur eu manqué pour être de vrais homme !

On a vu, par ailleurs comment le retour aux sources africaines de certaines générations de noirs américains rejetant les noms occidentaux(notamment anglais), qui les liaient à la tragédie de l’esclavage, s’est arrêté à l’Afrique islamisée : ainsi le plus grand boxeur de tous les temps, s’est-il débarrassé de Cassius Clay  pour chausser Mohamed Ali, prétendant y retrouver ses origines !

Dans un sens, certaines résistances à la pénétration coloniale occidentale et des valeurs judéo-chrétiennes, ont été le fait de portes étendards islamiques. Al Mamy Samory Touré ou El Hadj Omar et bien d’autres, étaient plutôt des défenseurs et propagateurs de valeurs arabo-musulmanes assimilées comme relevant de leur culture anthropologique et de leur identité profonde.

Les peuples d’Afrique et leurs espaces se retrouvaient être un objet de convoitise et de conquête, autant pour les nouveaux envahisseurs occidentaux que pour les continuateurs africains de l’expansionnisme islamique sur notre continent.

Aujourd’hui, bien de conflits à caractère strictement religieux, ou sociopolitique d’implication religieuses, apparaissent comme des avatars d’une lutte de positionnement hégémonique entre l’Occident judéo-chrétien et l’Orient islamique, au moment où s’apaisent, dans le monde d’après guerre froide, les affrontements d’ordre purement idéologique entre capitalisme/libéralisme et socialisme/communisme, qui ont secoué le XXème siècle.

Après avoir été -ou tout en continuant d’être- plus ou moins des inconditionnelles d’un bord idéologique ou de l’autre, il n’est pas étonnant que les élites mal inspirés conduisent leurs affrontements politiciens, en terme de chrétien contre musulman/musulmans contre chrétiens, et qu’elles fassent des clivages religieux, du reste, ethnicisés du fait de l’assimilation, leur fonds de commerce politique, dans la lutte pour le pouvoir.

C’est bien ainsi que certains leaders ont cru devoir exiger « une alternance ethnico religieuse en Côte d’Ivoire ». Cela s’entend : après des présidents chrétiens vive les musulmans à la tête du pays, dans cette République pourtant laïque de par sa Constitution, que les mauvais esprits veulent réduire à deux expression religieuses, et aussi fallacieusement voir divisée entre un Nord musulman et un Sud chrétien.

En dehors de ces deux modèles socioculturels et religieux autoproclamés comme les seuls porteurs de valeurs de civilisation, point de salut pour tout autre vision, notamment en Afrique, dirait’on.

Caractéristique des promoteurs et défenseurs impénitents de la civilisation de l »hégémonisme, le fort désir  d’empire et l’universalisme qu’ils développent du haut de leur prétention, porte l’écrasement et l’exclusion des valeurs culturelles des peuples dominés. Ils ont en horreur toute différence ‘que dis-je, la moindre nuance !) ; ils opèrent au quotidien, une sorte d’ethnocide socioculturel auquel participent, d’ailleurs, les nègres éternels, coresponsables de notre mort, par action consciente, par ignorance ou simple naïveté.

Cinquante ans après la proclamation de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le 07 août 1960, le tableau de la situation socioculturelle dans notre pays, qui est, certes, loin d’être une exception en Afrique noire, n’est point reluisante ni rassurante !

Et pour cause, comment comprendre autrement :

- Que la connaissance profonde et exacte de l’histoire des peuples et cultures de Côte d’Ivoire, reste encore soumise à la sémiologie française ;

- Que la mémoire nationale soit supplantée par celle de l’ex-puissance coloniale, et dominée par ses héros coloniaux, dont les noms de tristes souvenirs, courent nos rues, boulevards et autre places publiques ;
- Que nous continuions encore d’être nommés par l’autre, oriental ou occidental, de garder sans rien y faire, les noms déformés du fait de transcriptions fantaisistes par les administrateurs coloniaux, donnés aux hommes, à des communautés et/ou localités ;

- Que soit absent de notre système éducatif, l’enseignement des langues, littératures et civilisations des peuples de Côte d’ivoire ;


- Qu’il n’existe toujours pas une véritable politique linguistique en faveur des langues nationales ; pour les tirer de la marginalité où elles sont encore maintenues, leur donner le statut de la place centrale qui doit leur revenir, et les inscrire pleinement dans la perspective de leur développement durable, tel que nous l’enseigne pourtant, l’approche des langues dominantes du monde, que certains d’entre nous croient sans doute, tombées tout droit d’un ciel à générosité sélective ;

- Qu’un Etat aussi pauvre que le nôtre, seulement heureux d’être inscrit aux PPTE, continue de payer sur son budget, ses nationaux pour enseigner et promouvoir les langues, littérature et civilisations d’autres pays,  par ailleurs plus nantis, alors que celles de ses propres peuples, se meurent dans le confinement et la négligence où elles sont tenues ;


- Que nous ne sachions encore comment retrouver notre esprit pas trop extroverti, comme envoûté par excès d’aliénation ?...
Au total, les cultures nationales –avec les peuples qui les portent- sont expulsées de l’espace public officiel et reléguées à la périphérie de notre propre société, gérée par des élites qui gagneraient elles-mêmes à être désaliénées. Tout au plus sont-elles tenues pour folklore… destiné à amuser la galerie.

Le processus général de dé civilisation et de dépersonnalisation des populations est entré véritablement dans sa vitesse de croisière : avec le temps et les moyens techniques actuels plus performants, graissés par l’argent roi des affamés, qui irrigue mille et un réseaux soutenu par des concepts et un langage hypocritement généreux et moins brutal. « Francophonie », « espace francophone », « Commonwealth », « World culture » et autre du même style, sonnent moins « empire » et « impérialisme » ! Que signifie « l’inculturation », en vogue notamment dans les milieux religieux, si ce n’est une des nouvelles trouvailles de l’assimilationnisme qui, de façon subtile, (en mordant et y soufflant en même temps), pour la saigner de la substance différentielle de nos peuples, pour continuer d’étendre et de renforcer son objet et son champ ?

Si l’on y prend garde, il achèvera bientôt de dérouler son puissant rouleau compresseur sur nos cultures déstructurées, dévitalisées et exsangues : avec nous-mêmes comme partie intégrante et moteur de son mouvement, auquel, malheureusement, nous contribuons, d’une façon ou d’une autre, avec toute notre énergie et notre génie mal orienté, contre nous- mêmes.

Comment nier, en effet, notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive ? Une partie - si ce n’est la totalité- de la solution du problème réside dans le problème… L’enfer, dans le cas d’espèce, comme dans bien d’autres, ce n’est point seulement l’autre…

En tout état de cause, il est de la liberté comme de la dette ; elle n’est pas portable, elle est quérable.

Quand on est tombé ; on doit pouvoir se relever, pour continuer la marche. Nous le ferons par nous-mêmes, pour nous-mêmes et pour la postérité ; pour l’Humanité, qui ne doit point s’appauvrir de l’absence de nous et de nos motifs et nuances de couleurs de la mosaïque du beau tapis, qu’elle constitue, riche de tous les peuples et de toutes les cultures du monde entier.

Au cours des cinquante années écoulées, les cultures de la Côte d’Ivoire indépendante n’auront survécu qu’en s’appuyant particulièrement, sur leurs capacités intrinsèques de résistance, dans un environnement difficile, marqué par les puissantes pesanteurs coloniales ou globalisantes, ainsi que par l’inconséquence notoire et la complaisance voire la démission des élites intellectuelles et politiques.

La célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire doit être donc, l’occasion pour les Ivoiriens de faire le point et d’ouvrir de nouvelles perspectives, dans lesquelles le mot indépendance aurait un sens.

Il conviendra de poser, à la suite d’une analyse diagnostic pertinente, les bases permanentes de la consécration et de la régénération des peuples et cultures, qu’il importera de nous donner les moyens d’inscrire résolument dans leur développement durable, tel que commande la pleine conscience des enjeux nationaux et universels de notre modernité.

2) Propositions de Kemet-Maat
Nos propositions se situent aux deux niveaux de l’analyse diagnostic et des perspectives.

         2.1) Analyse diagnostic

            2.1.1) La Côte d’Ivoire à débat
- A. Colloque scientifique

Sur le thème : « Analyse diagnostic de la situation générale des peuples et cultures de Côte d’Ivoire et perspectives »

-B. Conférences débats
Sur le même thème au plan sectoriel relativement à chaque aire linguistico culturelle ou « Pays »
      2.2) Perspectives ; Régénération et développement durable des peuples et                 cultures de Côte d’Ivoire

         2.2.1) Mise en place d’institutions de régénération et de développement durable

- A. Création d’un forum National des Peuples  et cultures de la Côte d’Ivoire, haut lieu de rencontres et d’échanges interculturels, instrument de rapprochement et de solidarité entre les communautés nationales,

- B. Création de groupes Artistiques Polyphoniques (GAP) au plan national et dans les Aires linguistico culturelles ;

- C. Construction d’une Maison d’Afrique pour les peuples et cultures ;

- D. Création d’une Académie des Langues Nationales de Côte d’Ivoire, avec des représentations locales, à travers des Commissariats aux langues de « pays ».

- E. Institution d’une Semaine Nationale des Peuples de Côte d’ivoire, autour de la période de la Fête Nationale, afin que celle-ci soit la fête des peuples.

      2.2.2) Réflexions prospectives

- A. Exposition de résultats de travaux d’intérêt culturel ç travers différents ateliers aux plans national et local

- B. Conférence débats

- C. Ateliers de sensibilisation et de formation sur les peuples, langues et cultures de Côte d’Ivoire, au plan national local.

    2.2.3) Organisation d’activités festives

- A. Organisation en 2010, de la 1ère édition du Festival National des Peuples, Langues et Cultures de Côte d’Ivoire.
A cette occasion, auront lieu :
- Expositions
- Foires
- Spectacles
- Jeux et sports spécifiques de la Côte d’Ivoire.


Le Popo-carnaval. Défilé mettant en scène le crime du travail forcé.
2.2.4) Proposition de révisions

- A. Révision des programmes scolaires visant la restauration de l’enseignement de l’histoire de la côte d’ivoire et de l’Afrique, et l’introduction des Langues, Littérature et civilisations de la Côte d’Ivoire et d’Afrique dans l’enseignement.

- B. Révision des noms des lieux géographiques, des personnes,

- C. « Rebaptisation » des monuments, rues et places publiques.








mardi 22 janvier 2013

INTOLERANCE RELIGIEUSE ET IDENTITE CULTURELLE


 
                                   INTOLERANCE RELIGIEUSE
ET IDENTITE CULTURELLE EN COTE D’IVOIRE

Yao N’Guetta,
TRAORE Adama
 
Les PPA, les Presses Per Ankh d’Abidjan, Décembre  2011
......
"Aujourd’hui ce n’est plus le blanc qui tient la torche, ce sont des Africains qui prenant la relève et mettent le feu aux objets sacrés de leurs pères et mères"

 
Résumé 
 
Dans ce texte daté du 16 mail 2009 et publier pour la première fois sur le Blog de l’Association kemetmaat, les auteurs alertent l’opinion sur la destruction des cultures africaines par les idiologies étrangères qui se déploient tranquillement à l’ombre du prosélytisme religieux. La diversité culturelle et religieuse est une richesse  pour  l’humanité  qu’il convient de préserver.

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« …C’est que le pire crime du colonialisme ne fut peut-être pas la falsification délibérée de notre histoire, falsification que Diop s’acharna à corriger , mais bien , ainsi que le suggère John Henrik, « la colonisation de l’image de Dieu »...Ce qui est suggéré ici , cependant , c’est que cette image a été plus pernicieuse, et continue d’être plus destructrice, que le mythe de notre anhistoricité et autres affabulations eurocentiques et racistes car ce qui est atteint ce n’est pas seulement notre intellect, mais bien notre âme » Ama mazama, Religion et Renaissance Africaine, Mambo Presses, 2010.


Les agressions contre les religions africaines et la culture africaine sont de plus en plus nombreuses et se font au grand jour, en toute tranquillité et en toute bonne conscience.

Dans leur prosélytisme tous azimuts, certains prêtres, pasteurs et imans ne ratent pas une occasion pour stigmatiser les croyances de ceux qui ne seraient d’aucune foi, dans cette société trop malade de son extraversion, sur laquelle  ils semblent avoir établi pour de bon, leur monopole de Dieu ! Ce Dieu dit « unique et universel », qui apparaît pourtant, rattaché à une origine ethnique et culturelle particulière.

Dans le journal  Le Jour Plus du 8 mai 2009, un chef religieux a laissé entendre que les adeptes des religions africaines, contre lesquels il mènerait sa « légitime » djihad ou croisade, ne connaissaient pas Dieu.

Ce chef religieux n’est absolument pas le seul. Il ne se passe pas un jour où les journaux, confessionnels ou pas, ne racontent pas les exploits de ces « croisés » des temps modernes, qui renvoient plutôt aux intolérances religieuses du Moyen Age européen, ou des colonisations arabe et européenne dans le monde, dans leur processus de « décivilisation » des peuples conquis.
 
Sur les lieux de culte ou sur la place publique, on stigmatise à tout va les pratiques, et on invective les adeptes de toutes croyances jugées hors des  moules des religions aujourd’hui « dominantes », et leurs pensées uniques, dans lesquels  nos concitoyens doivent finir par enfermer leur esprit contre eux-mêmes.
 
Est-il besoin de rappeler que les premiers hommes et femmes qui ont découvert Dieu sont bien nos ancêtres ; les négro-africains. Ce sont les Kemit de la grande civilisation  noire de l’Egypte ancienne, qui ont naturellement écrit les premiers textes sacrés de l’histoire, vers 2600 ans avant la naissance de Jésus Christ : longtemps, très longtemps avant l’apparition des religions judéo-chrétiennes et musulmanes. Nombre de concepts de ces religions dites révélées, ont leurs origines dans les cosmogonies africaines.Péjorativement désignés par les discours colonialistes comme fondamentalement « animistes et polythéistes », les Africains seraient des « mécréants « perdus dans les ténèbres et sans aucune espérance! ». S’ils ne sont pas des incarnations ou des suppôts du diable,  ils sont déclarés indignes de l’humanité. Comme au bon vieux temps de la colonisation pure et dure, prétendant apporter, par la croix ou par le croissant, épée, cimeterre ou fusil au poing, l’âme précieuse, qui manquerait aux autres peuples conquis et colonisés d’ici et d’ailleurs pour être des hommes, ou accéder à la civilisation. Les païens sont comme des animaux, proclamait sans ambages, il n’ y a pas longtemps encore, un pasteur, au cours d’un mariage dans un quartier d’Abidjan, qui accueillait, outre la masse  captive de ses ouailles aux anges, bien d’autres personnes ayant tout simplement le droit de ne pas croire en ses mensonges enflammés. Insultées en plein midi d’un jour d’allégresse partagée et de communion fraternelle, ces personnes  on dû avaler une couleuvre de plus !  Sans doute par éducation et par souci de ne pas perturber le déroulement de la cérémonie. Dans tous les cas, la sagesse recommande bien, en la circonstance,  que l’on ne réponde pas au coup de pied de l’âne… !

Et pourtant, vous n’entendrez pas un seul adorateur ou danseur de « fétiche », invoquer Dieu, le Ciel et la Terre,  les génies et l’esprit de ses ancêtres, en insultant les autres qui ne partageraient point ses convictions. L’invective n’a jamais été un argument !

Dans leur manichéisme atavique, les adeptes des religions dites révélées et universelles manquent-ils d’argument pour faire valoir leur théologie, là où, les autres se valent par eux-mêmes, sans  renvoyer, par défaut, à aucun faire valoir ou repoussoir. Ne démontrent-ils pas par là les limites de leurs discours ?

De la surenchère verbale à la violence physique, il n’y a qu’un pas, qui est allègrement franchi, en cette République de Côte D’Ivoire, que notre Constitution déclare pourtant laïque, et dans laquelle le Procureur oublie souvent de lever le petit doigt pour protéger les principes républicains de la démocratie et de l’Etat de droit, sur lesquels la nation cherche avec toutes les difficultés du monde, à s’asseoir !

Emportés par le fanatisme et par cette illusion ou ce sentiment d’en avoir la  raison et le droit, qui subjugue les esprits illuminés, les prosélytes de tout acabit se lancent dans leur djihad ou leurs croisades, contre toutes fois et pratiques socio culturelles, dont ils ne peuvent souffrir la différence.

L’alibi de la sorcellerie criminelle ou du fétichisme maléfique, est bien souvent servi, aux fins de justifier tous ces débordements relevant plutôt de stratégies d’occupation de terrain, repérables dans cette espèce d’élan hégémonique qui anime et pousse les religions dites universelles, bien assises dans notre société.

Loin de nous toute volonté de défendre les pratiques délinquantes comme la sorcellerie dont on connaît et reconnaît les ravages parmi les populations, en ville comme à la campagne. Dans notre société, empoisonnements, assassinats mystiques et envoûtements n’épargnent personne ni aucune classe sociale, créant une sorte de psychose exploitée à souhait, par plus d’un charlatan, qui y trouve le fonds de commerce le plus juteux.

Nous reconnaissons donc les méfaits liés aux pratiques négatives ; ils constituent des pesanteurs qui nuisent à l’image de nos cultures, contribuent à leur rejet par des populations aux abois ou ayant perdu de leurs repères, et proies faciles des prosélytes et autres détracteurs conscients ou inconscients bien servis par les exactions de quelques délinquants.

Cependant, avons-nous la même réaction négative vis-à-vis des cultures et religions qui nous dominent, alors que leurs travers sont aussi nombreux ?

Le bien et le mal cohabitent en l’homme, indépendamment de ses croyances, et la criminalité mystique existe partout, comme autant d’autres perversions.

Qui a oublié les déboires de Rashman Rushdy à propos des versets sataniques ? Que dit-on de la sharia ? Que dira-t-on de l’envoûtement de fidèles de cultes où les nombreuses quêtes ressemblant fort bien à des extorsions de fonds alors que comme on le sait la spiritualité ne fait pas bon ménage avec l’argent.

Dans le quotidien, abus de confiance qui ne dit pas son nom, la quête est devenue un véritable racket, sur des personnes à l’esprit souvent embué par leur foi démesurée, et à la merci de personnages véreux, dont les comportements devraient dégoûter plus d’un citoyen sinon interpeller tous ceux qui prétendent tant se préoccuper du  salut de leur semblable, ou mènent des djihad ou croisades, pour « assainir » mystiquement ou moralement la société. 

Dans le cas d’espèce, on préfère, au contraire, fermer les yeux sur ces travers, ou plutôt les assimiler, les tenant pour preuve de notre modernité, ou pour  de nouveaux critères de performance, dans la recherche des voies de la richesse, du pouvoir et de la puissance. Que dira t –on de la condition réservée aux femmes dans des grandes religions où ces dernières sont interdites des fonctions de prêtes et d’imans.

D’autre part, autant il faut probablement des décisions courageuses de la part des pouvoirs publics, pour prendre en compte ces phénomènes délinquants  dans la gestion globale de la question de la sécurité des citoyens, autant nous devons condamner le laxisme ou l’apathie complice dont ils manifestent vis-à-vis des débordements du prosélytisme débridé des  croisés de notre temps, aussi dangereux.

Les faits sont comme des symptômes de l’histoire. Et, malheureusement, nous en sommes à une phase de notre histoire où, ayant brisé les principales résistances et mis en place tous les instruments idéologiques, institutionnels et techniques de son système de domination, le colonisateur, européen  ou arabe,  peut bien se croiser les bras, pour voir comment, sous ses yeux, le processus qu’il a amorcé des siècles avant, se déroule,  pour être parachevé avec les colonisés eux-mêmes devenus les acteurs plus engagés et efficaces de leur propre colonisation, désormais à sa vitesse de croisière.

Aujourd’hui ce n’est plus le blanc qui tient la torche, ce sont des Africains qui prenant la relève et mettent le feu aux objets sacrés de leurs pères et mères.

Les numéros du « Jour Plus » du 5 et 8 mai 2009 ne rapportent-t-il pas qu’un chef religieux fait brûler des « fétiches » sur les places publiques dans des quartiers d’Abidjan ? Ces scènes  réveillent en nous, le souvenir des sombres époques des expansionnismes religieux de l’Islam et du Christianisme en Afrique ou en Amérique. La religion a toujours été et reste encore, un des moteurs des conquêtes coloniales.


Extrait de la Bulle du Pape Nicolas V, 8 janvier 1454 qui évoque les sombres époques de l’expansionnisme chrétien en Afrique.
"Nous avions jadis, par de précédentes lettres, concédé au Roi Alphonse, entre autres choses, la faculté pleine et entière d’attaquer, de conquérir, de vaincre, de réduire et de soumettre tous les sarrasins (c-a-d les Nègres), païens et autres ennemis du Christ où qu’ils soient, avec leurs royaumes, duchés, principautés, domaines, propriétés, meubles et immeubles, tous les biens par eux détenus et possédés, de réduire leurs personnes en servitude perpétuelle (...) de s’attribuer et faire servir à usage et utilité ces dits royaumes, duchés, contrés, principautés, propriétés, possessions et biens de ces infidèles sarrasins (nègres) et païens (...)
Beaucoup de Guinéens et d’autres Noirs qui avaient été capturés, certains aussi échangés contre des marchandises non prohibées ou achetées sous quelque autre contrat de vente régulier, furent envoyés dans les dits Royaumes "

Le paradigme hérité de l’historiographie de Hegel qui exclu l’Afrique de l’histoire et les dogmes anthropologiques de Gobineau qui refusent au nègre tout rôle important dans l’évolution de l’humanité à cause de la prétendue infériorité de sa « race » sont toujours en œuvre dans le monde occidentale mais le fait nouveau c’est que ce paradigme semble avoir gagner aujourd’hui la pensée moderne africaine sans doute par le biais de l’école et de la propagande.

On fait donc le constat que de nombreux ivoiriens, ont fini par intégrer ces préjugés et ces idées reçues sur les africains. On aboutit à une situation insolite c'est-à-dire une sorte de  racisme contre soi même.

Dans le propos qui précède, nous avons voulu attirer l’attention des uns et des autres sur les dérives du prosélytisme religieux et notamment dans ses conséquences néfastes pour la paix sociale.

Mais mieux encore, nous avons voulu à travers l’évocation de ces violences, alerter l’opinion sur la gravité de la situation culturelle du pays et sur les enjeux qu’elle implique. Ce dont il est fondamentalement question ici c’est la destruction des cultures africaines par des idiologies étrangères qui se déploient tranquillement à l’ombre des religions sous prétexte de rechercher le salut des peuples en combattant la sorcellerie et les pratiques délinquantes que nous décrions tous.

La diversité religieuse comme la diversité culturelle est un bien pour l’humanité qu’il convient de préserver. Et nous n’avons pas le droit sous quelque prétexte que ce soit de laisser saborder nos cultures qui ont pleinement leur place dans le monde.